Aimerc’est du désordre, alors aimons. Mur je t’aime.
Maison Organisation. Les 6 conséquences du désordre. 11 mars 2021. Le désordre a de lourdes conséquences sur notre quotidien. Il nous agresse, nous pollue. Avez-vous pensé à toutes les conséquences négatives
Aimerc'est du Desordre Alors Aimons in Montmartre Paris is a photograph by John Rizzuto which was uploaded on March 18th, 2012. The photograph may be purchased as wall art, home decor, apparel, phone cases, greeting cards, and more. All products are produced on-demand and shipped worldwide within 2 - 3 business days.
Dieune lie même pas sa bienveillance à notre conversion : celle-ci tout au plus est une conséquence de l’amour de Dieu. Saint Paul le dit de façon parfaite : « La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs » (Rm 5,8). Alors que nous étions encore pécheurs. Un amour
58Likes, 7 Comments - Léa 🌼 (@leacolina) on Instagram: “Aimer c’est du désordre Alors aimons ! ♥️”
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Lavierge s’implique dans l’acte sexuel avec sérieux, considération et rigueur. Dominé par Mercure, la planète de la communication, ce signe aime être excité par l’humour et surtout par l’esprit et les discussions intelligentes. De plus, un natif de la Vierge adore beaucoup les écritures coquines, c’est-à-dire les sexto torrides.
YXjHQHa. Si on prend un peu la peine d’étudier les biographies des grands hommes, on remarque qu’ils sont rares à avoir mené une vie sereine comme tous les hommes, ils ont été blessés, et leur génie consiste à pouvoir exprimer leurs douleurs et leurs bonheurs de façon à ce qu’un grand nombre de personnes s’y reconnaisse. C’est l’émotion qui est universelle, pas les sources d’inspiration. Heureusement, car c’est bien l’émotion qui rassemble les hommes dans leur diversité. L’inverse serait bien triste, uniforme et insipide. Quoi qu’il en soit, vu le tour méprisant et polémique du post d’ Aegidius, il est clair qu’ il n’ a pas trouvé et ne trouvera jamais le moindre écho émotionnel dans l’oeuvre de Césaire, écrivain et poète "difficile", c’est vrai, mais dont les écoliers martiniquais de toutes les couleurs parviennent toutefois à retenir quelques lignes. Pour les autres qui n’ont pas la chance de le connaître ou qui l’ont oublié, pour ceux qui ont déjà passé un Noël antillais ailleurs que dans un piège à touristes, à tous ceux qui n’ont pas de neige pour Noël, à tous ceux qui ont des Noëls tristes et froids, à tous ceux qui rêvent de cocotiers, d’eau turquoise et de sable blanc et découvrent le falaises noires, les vagues meurtrières et les cyclones dévastateurs, pour tous ceux qui n’osent même plus rêver à la carte postale, pour tous mes amis d’outre mer, quelle que soit la couleur et quelle que soit la mer, un petit extrait de "cahier d’un retour au pays natal". "Et le temps passait vite, très vite. Passé août où les manguiers flamboient de toutes leurs lunules, septembre l’accoucheur de cyclones, octobre le flambeur de cannes, novembre qui ronronne aux distilleries, c’était Noël qui commençait. Il s’était annoncé d’abord Noël par un picotement de désirs, une soif de tendresses neuves, un bourgeonnement de rêves imprécis, puis il s’était envolé tout à coup dans le froufrou violet de ses grandes ailes de joie, et alors c’était parmi le bourg sa vertigineuse retombée qui éclatait la vie des cases comme une grenade trop mûre. Noël n’était pas comme toutes les fêtes. Il n’aimait pas à courir les rues, à danser sur les place publiques, à s’installer sur les chevaux de bois, à profiter de la cohue pour pincer les femmes, à lancer des feux d’artifice au front des tamariniers. Il avait l’agoraphobie, Noël. Ce qu’il lui fallait, c’était toute une journée d’affairement, d’apprêts, de cuisinages, de nettoyages, d’inquiétudes, de-peur-que-ça-ne-suffise-pas, de-peur-que-ça-ne-manque, de-peur-qu’on-ne- s’embête, puis le soir une petite église pas intimidante, qui se laissât emplir bienveillammen par les rires, les chuchotis, les confidences, les déclarations amoureuses, les médisances et la cacophonie gutturale d’un chantre bien d’attaque et aussi de gais copains et de franche luronnes et des cases aux entrailles riches en succulences, et pas regardantes, et l’on s’y parque une vingtine, et la rue est déserte, et le bourg n’est plus qu’un bouquet de chants, et l’on est bien à l’intérieur, et l’on en mange du bon, et l’on en boit du réjouissant et il y a du boudin, celui étroit de deux doigts qui s’enroule en volubile, celui large et trapu, le bénin à goût de serpolet, le violent à incandescence pimentée, et du café brûlant et de l’anis sucré et du punch au lait, et le soleil liquide des rhums, et toutes sortes de bonnes choses qui vous imposent autoritairement les muqueuses ou vous les distillent en ravissements, ou vous les tissent de fragrances, et l’on rit, et l’on chante, et les refrains fusent à perte de vue comme des cocotiers Alleluia Kyrie eleison... leison... leison, Christe eleison... leison... leison. Et ce ne sont pas seulement les bouches qui chantent, mais les mains, mais les pieds,mais les fesses, mais les sexes, et la créature toute entière qui se liquéfie en sons, voix et rythmes. Arrivée au sommet de son ascension, la joie crève comme un nuage. Les chants ne s’arrêtent pas, mais ils roulent maintenant inquiets et lourds par les vallées de la peur, les tunnels de l’angoisse et les feux de l’enfer. Et chacun se met à tirer par la queue le diable le plus proche, jusqu’à ce que la peur s’abolisse insensiblement dans les fines sablures du rêve, et l’on vit comme dans un rêve véritablement, et l’on boit et l’on crie et l’on chante comme dans un rêve, et l’on somnole aussi comme dans un rêve avec des paupières en pétale de rose, et le jour vient velouté comme une sapotille, et l’odeur de purin des cacaoyers, et les dindons qui égrènent leurs pustules rouges au soleil, et l’obsession des cloches, et la pluie, les cloches... la pluie... qui tintent, tintent, tintent..." Pas besoin d’être "nègre" pour comprendre ce texte, pas même besoin d’être chrétien... Même pas nécessaire de croire en un dieu. Pas besoin d’être lettré, instruit, diplômé. Il suffit d’avoir été enfant et d’avoir vécu une seule fois une fête sincère, modeste et généreuse. Je sais qu’il existe des gens qui n’ont jamais eu cette chance. Aussi, pourquoi au lieu de se barricader dans l’amertume et la défiance, ne décident -ils pas d’offrir aux autres ce qu’ils n’ont jamais eu ? Sont-ils à ce point brisés que le seul courage qui leur reste est celui d’agresser ce qui pourrait les questionner, les destabiliser, bref, les émouvoir ? Salut l’artiste. Tiens ben rèd.
- En revanche, j'espère qu'on devient plus... profond? - Je n'ai pas cette impression. D'ailleurs, - profond?... J'ai grand'peur qu'il n'y ait de grandes illusions dans les tentatives que nous faisons pour nous creuser... Les uns croient pénétrer dans les couches primaires de leur existence... Ils y cherchent généralement des fossiles obscènes. - Ils ne les chercheraient pas s'ils ne les avaient pas déjà trouvés. - Bien entendu. Les autres imaginent qu'ils approchent ainsi de... ce qu'ils sont, au prix d'une contention et d'une sorte de... négation extérieure très pénible... Ils ne voient pas qu'ils ne font que s'infliger une déformation particulière... Ils essaient d'accommoder la sensibilité de leur conscience à je ne sais quelle vision retournée, à des choses en deçà... En somme, il y a peut-être des profondeurs accessibles, mais ce que l'on y trouve ne vaut guère la peine d'y descendre, et des profondeurs insondables... Si même on y pouvait se risquer et y apercevoir quelque chose, on ne comprendrait rien à ce qu'on y trouverait. - Quant à moi, je suis simpliste. Si je m'observe, je trouve... qu'il y a des choses que l'on peut dire aux autres ; et d'autres, qu'on ne peut dire qu'à soi-même... et d'autres, qu'on ne peut même pas se dire à soi-même. Il y a quelques saletés, évidentes, - et d'ailleurs universelles... Cela n'a donc pas un immense intérêt. Et il y a encore des choses.., qui semblent puissantes, indistinctes... -Tout à fait d'accord. Des choses qui ne ressemblent rien... J'entrevois ici la vie des viscères... - Halte. Défense d'entrer. Danger de mort... Restons à la surface... A propos de surface, est-il exact que vous ayez dit ou écrit ceci Ce qu'il y a de plus profond dans l'homme, c'est la peau ? - C'est vrai. - Qu'entendiez-vous par là? - C'est simplicissime... Un jour, agacé que j'étais par ces mots de profond et de profondeur... - Que nous venons d'employer à notre aise... Ecoutez je constate que vous manifestez une sensibilité exagérée à l'endroit des mots. Vous vous cabrez à chaque instant. Ce sont des expédients, que diable !...La vie n'a pas le temps d'attendre la rigueur. On se débrouille. Napoléon disait qu'à la guerre, on s'engage de partout, et puis l'on voit... - Oh ! sur la guerre, il en a dit de toutes les couleurs... D'ailleurs, tous ceux qui ont pratiqué quelque chose, quand ils veulent exprimer ou transmettre leur expérience... Règle générale, ils émettent les préceptes les plus contradictoires... Vous en trouverez jusque dans l'Evangi1e... - J'avoue qu'en médecine même... - Même dans Hippocrate... Essayez de combiner Principiis obsta, avec Quieta non movere... - On fait ce qu'on peut. Mais j'en reviens à vous. Vous butez à chaque mot... On ne peut pas parler tranquillement avec vous. On verse à chaque instant. Vous arrivez à ne plus pouvoir causer avec vous-même. Comment diable pouvez-vous parvenir à former la moindre pensée, dans ces conditions? Je me le demande! - Mon cher docteur, j'aime mieux n'arriver à rien consciemment, que de n'arriver à rien... sans m'en douter... Donc, j'étais agacé. Profond et profondeur m'exaspéraient. - Je parie que vous aviez lu quelque article sur Pascal. - Je ne tiens pas ce pari. Pas plus que celui de Pascal... - Et alors ? - Alors ?... Il m'est souvenu de ce qu'on trouve dans les livres de médecine au sujet du développement de l'embryon. Un beau jour, il se fait un repli, un sillon dans l'enveloppe externe... - L'ectoderme. Et cela se ferme... - Hélas !... Tout notre malheur vient de là... Chorda dorsalis ! Et puis, moelle, cerveau, tout ce qu'il faut pour sentir, pâtir, penser..., être profond Tout vient de là... - Et alors ? - Eh bien, ce sont des inventions de la peau !... Nous avons beau creuser, docteur, nous sommes... ectoderme. - Oui, mais... il y a des prolongements. - Nous poussons jusque dans les viscères... Mais, de ce côté, nous n'avons pas d'appareils très perfectionnés. Rien qui ressemble aux combinaisons de mécanismes, à l'étalement de sensations qui se trouvent dans l'oreille et dans l'oeil. Tout est grossier. Brutal. Cela ne sait guère dire que Bon, ou mauvais. - Généralement mauvais. - Mais rien de plus puissant, n'est-ce pas ?... Il y a là quelques gros tyrans qui agissent sans s'expliquer... La vie serait supportable sans les viscères - Vous voulez me réduire à la mendicité! - Bref, la poussée de la sensibilité est fort inégale, ses moyens bien différents selon qu'elle s'épanouit vers... l'extérieur, ou qu'elle plonge dans les masses... - Laborieuses ! Je suis sûr que vous digérez capricieusement, et que nous avons le foie un peu gros... - Je n'en doute pas. Et c'est pourquoi je complète na formule Ce qu'il y a de plus profond dans l'homme, c'est la peau, - en tant qu'il se connaît. Mais ce qu'il y a de... vraiment profond dans l'homme, en tant qu'il s'ignore... c'est le foie... Et choses semblables... Vagues ou... sympathiques » Valéry. L'Idée fixe. La pléiade, Œuvres II, p. 215,216. Corps ? La grande énigme d'où émerge le pouvoir réfléchissant d'une fonction par laquelle advient un Soi. Un néant de sens, un chaos, un empâtement de ce qui cherche à se libérer de la nuit pour inventer le poème du jour, toujours à réécrire contre les forces de dissolution de la vie obscure, mouvante, indistincte, prisonnière du silence de ce qui n'a pas de nom. Caractère insondable de ce qui est en deçà du langage ! Dire ou l'effort de donner forme à l'informe, de mettre un peu d'ordre dans le désordre, de porter à l'expression, la pensée entrevoyant furtivement la clarté qui la hante. Il n'y a pas d'autre identité que celle qui se conquiert sur un fond obscur se déployant sans profondeur comme jeu de forces anonymes et aveugles. Alors malheur à celui qui n'a pas été armé pour cette conquête ! Le corps pâteux, le corps morcelé, pulvérisé, le corps aérien parfois est l'expérience commune. L'aventure humaine commence au-delà avec la possibilité de dire Je, c'est-à-dire avec le passage de la muette cénesthésie à l'expression linguistique ou artistique. D'où ce paradoxe que formule ce texte de Valéry Ce qu'il y a de plus profond en l'homme en tant qu'il est conscient de lui, ce n'est pas l'opaque épaisseur organique, le foie, c'est l'être qu'il fait exister à la surface du vide d'où il émerge et qu'il met momentanément en échec. Chacun est pour lui-même son propre poème ou selon l'étymologie grecque sa propre création. Un poème toujours à recommencer, un poème toujours menacé par le néant sur lequel il s'arrache et qui attend implacablement d'achever son œuvre corrosive. J'aime les auteurs qui ne racontent pas des histoires et ne masquent pas le tragique de l'existence humaine. Valéry est de ceux-là. Oserais-je dire que David Le Breton devrait se mettre à son école? Cela nous éviterait bien des platitudes psychologisantes sur les blessures de soi », sous-titre de son livre La Peau et la Trace, que je voulais présenter pour enrichir la culture de mes élèves, mais dont j'avoue qu'il me tombe des mains. Comme s'il était possible de porter au langage ou à la forme à un autre niveau que le langage ou la forme, la difficulté d'être et le fragile sentiment de son identité ! Alors pourquoi ne pas tirer les leçons de ce qui est, à la fois, avoué page 35 du livre et dénié par tout un bavardage insipide, à savoir que le recours au corps marque la défaillance de la parole et de la pensée, la dérobade du sens » ? Les mutilations du corps, la souffrance expérimentée comme manière de se sentir exister ne sont pas des poèmes c'est encore la sinistre geste de ce qui est en deçà du poème. Le malheur d'exister, le flottement du sentiment d'identité sont la vérité universelle de l'humaine condition, mais il y a ceux qui ont été armés pour une conquête par la pensée et la parole d'eux-mêmes et de leur monde et les laissés pour compte, les victimes des infralangues, ceux que l'école de la République a l'air de produire à la pelle si l'on en croit ce détestable film Entre les murs ». On ne saurait trop se pénétrer de ce que Valéry affirme ici. Une psychologie des profondeurs devient vite creuse. J'avoue être, comme lui, exaspérée par ces mots de profond et de profondeur. Et ce n'est pas rien de se sentir cautionnée par un esprit de cette trempe. Le moi profond, le sujet un et identique à soi, sont les effets incertains du texte d'une existence qui s'écrit avec courage et lucidité, ils n'en sont pas les auteurs donnés antérieurement à cet effort. Est-ce déjà ce que l'embryologie préfigure lorsqu'elle nous apprend que la peau apparaît dans le développement embryonnaire avant les autres systèmes sensoriels, répondant à cette loi biologique selon laquelle plus une fonction est précoce, plus elle a des chances d'être fondamentale. Au stade de la gastrula, l'embryon prend la forme d'un sac par invagination d'un des pôles et présente deux feuillets, l'ectoderme et l'endoderme. Cet ectoderme forme à la fois la peau incluant les organes des sens et le cerveau. En outre les différents éléments qui la constituent ont une représentation importante dans le cerveau, comme le révèlent les homonculi sensoriels et moteurs qui montrent la représentation proportionnelle des fonctions tactiles dans le cortex, par l'importance de la main et des lèvres » Article La Peau, Evelyne Sechaud, dans le Dictionnaire du corps. S'il en est ainsi, il faut donc dire que ce qu'il y a de plus profond en l'homme c'est la peau ». Le plus fondamental est ce qui affleure à la surface non par quelques mécanismes qui s'opéreraient en nous sans nous mais par l'action d'une réceptivité ne parvenant à la conscience d'elle-même que par l'effort lucide de donner sens et de s'approprier par là, ce qui la traverse anonymement. Si j'ai choisi d'illustrer les deux papiers précédents par Lucian Freud et Francis Bacon, c'est précisément parce que ces grands peintres ne montrent pas autre chose. Pour l'un et pour l'autre, le réel n'est pas ça, champ de forces, chair muette, mais ce à partir de quoi la réalité se construit. Il s'agit toujours de capter le mystère de l'apparence dans le mystère de la facture disait Bacon. Cité par Philippe Muray dans "Les cadavres dans le triptyque." Art Press n° 59. Cf. L'obscénité démocratique. Partager Marqueursapparence, ectoderme, endoderme, foie, infralangue, moi profond, oeuvre d'art, parole, peau, pensée, profond, surface, viscères
Expliquer le texte suivant Celui qui veut être aimé ne désire pas l’asservissement de l’être aimé. Il ne tient pas à devenir l’objet d’une passion débordante et mécanique. Il ne veut pas posséder un automatisme. […] Mais, d’autre part, il ne saurait se satisfaire de cette forme éminente de la liberté qu'est l’engagement libre et volontaire. Qui se contenterait d’un amour qui se donnerait comme pure fidélité à la foi jurée ? Qui donc accepterait de s’entendre dire Je vous aime parce que je me suis librement engagé à vous aimer et que je ne veux pas me dédire ; je vous aime par fidélité à moi-même ? » Ainsi l’amant demande le serment et s’irrite du serment. Il veut être aimé par une liberté et réclame que cette liberté comme liberté ne soit plus libre. Il veut à la fois que la liberté de l’Autre se détermine elle-même à devenir amour – et cela, non point seulement au commencement de l’aventure, mais à chaque instant – et, à la fois, que cette liberté soit captive par elle-même, qu'elle se retourne sur elle-même, comme dans la folie, comme dans le rêve, pour vouloir sa captivité. Et cette captivité doit être démission libre et enchaînée à la fois entre nos mains. Ce n’est pas le déterminisme passionnel que nous désirons chez autrui, dans l’amour, ni une liberté hors d’atteinte mais une liberté qui joue le déterminisme passionnel et qui se prend à son jeu. Jean-Paul Sartre, L’Etre et le Néant 1943, Gallimard, pp. 434-435 La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question. Lire le texte en repérant les concepts clés et les principales articulations Répondez aux questions Quel est le thème du texte ? Quelles sont les notions du programmes concernées par le texte et quel est le questionnement auquel, explicitement ou implicitement le, texte invite? Quelle est la thèse de l'auteur ? Quelle est la position de l'auteur face à ce questionnement ? Quel est l'enjeu du texte ? En quoi une telle prise de position nous engage-t-elle? Qu'est-ce que cela change pour nous ? Que risquons-nous dans cette discussion? Quelle est la structure du texte ? Comment s'organise la démarche de l'auteur ? Progression, articulations logiques... Ces éléments vous serviront pour rédiger l'introduction et organiser votre explication. Quelques pistes de réflexion Remarquez comment tout le texte s'organise autour de l'opposition entre le déterminisme et la liberté. L'amour ne peut être ni un mécanisme, ni une obligation. Comment peut-il être spontané sans cesser de nous être imputable? Comment peut-il être un choix qui nous est imputable sans cesser d'être spontané? Cette opposition suggère une organisation de la lecture Dilemme Double refus Ni déterminisme, ni liberté Celui qui veut être aimé ne désire pas l’asservissement de l’être aimé. Il ne tient pas à devenir l’objet d’une passion débordante et mécanique. Il ne veut pas posséder un automatisme. […] Mais, d’autre part, il ne saurait se satisfaire de cette forme éminente de la liberté qu'est l’engagement libre et volontaire. Qui se contenterait d’un amour qui se donnerait comme pure fidélité à la foi jurée ? Qui donc accepterait de s’entendre dire Je vous aime parce que je me suis librement engagé à vous aimer et que je ne veux pas me dédire ; je vous aime par fidélité à moi-même ? » Contradiction Double exigence contradictoire déterminisme et liberté Ainsi l’amant demande le serment et s’irrite du serment. Il veut être aimé par une liberté et réclame que cette liberté comme liberté ne soit plus libre. Il veut à la fois que la liberté de l’Autre se détermine elle-même à devenir amour – et cela, non point seulement au commencement de l’aventure, mais à chaque instant – et, à la fois, que cette liberté soit captive par elle-même, qu'elle se retourne sur elle-même, comme dans la folie, comme dans le rêve, pour vouloir sa captivité. Et cette captivité doit être démission libre et enchaînée à la fois entre nos mains. » Résolution Dépassement de la contradiction par le jeu thèse de Sartre Ce n’est pas le déterminisme passionnel que nous désirons chez autrui, dans l’amour, ni une liberté hors d’atteinte mais une liberté qui joue le déterminisme passionnel et qui se prend à son jeu. » Pistes d'analyse Thème du texte Les contradictions de l’amour Thèse de Sartre Le désir amoureux relève d'un jeu dont nous sommes dupes qui s'articule autour d'une double exigence contradictoire celle du déterminisme et de la cela, il relève de la mauvaise foi. Plan de l’explication Une possibilité est de suivre le structure de la démarche de Sartre 1. Dilemme. Double refus Ni déterminisme, ni liberté Déterminisme ou liberté ? Les deux branches de l’alternative aboutissent toutes les deux à un résultat inacceptable la disparition de l’amour. Refus du déterminisme aimer n’est pas asservir; on n’aime pas par contrainte , on aime une autre liberté. Le refus du déterminisme est le refus de la passion aveugle. Refus de la liberté aimer n’est pas un devoir ; on n’aime pas par obligation. Le refus de l’engagement volontaire est le refus de la raison froide. On peut penser ici à Corneille amour et devoir n'appartiennent pas à la même sphère. 2. Contradiction double exigence contradictoire déterminisme et liberté Déterminisme et liberté. On veut les deux, et pourtant les deux sont exclusifs l’un de l’autre comme A et non A. L’amour est donc irrationnel illogique. 3. Résolution dépassement de la contradiction par le jeu =Thèse de Sartre. L’amour est un jeu de l’imagination. Éléments pour une étude détaillée Les distinctions conceptuelles importantes qui sont vos outils d’analyse Sujet / Objet Sujet Objet On aime Autrui c’est-à-dire un autre sujet, une autre conscience, un semblable, ce Moi qui n’est pas Moi », une volonté qui n’est pas la mienne, une liberté qui s’oppose à la mienne. = Une personne On n’aime pas un simple objet, chose parmi les choses » Merleau-Ponty.On ne veut pas non plus être réduit à un simple objet. Un objet est soumis au déterminisme naturel mécanisme », automatisme » Passion / Raison Raison Passion La raison est active, volontaire, associée à la liberté. La passion est passive, subie débordante », associée au déterminisme. Désir / Instinct Désir Instinct Préférence personnelle, culturelle. Le désir amoureux suppose le choix, les préférences, l'attachement personnel. » Rousseau Le désir est contingent. Simple attirance sexuelle générique, naturelle et impulsive. Un sexe est attiré vers l'autre, voilà le mouvement de la nature. »Rousseau L’instinct est nécessaire. Liberté / Déterminisme Liberté Déterminisme Capacité de s’autodéterminer par des raisons intérieures non seulement choisir d’agir de telle ou telle façon, mais aussi choisir ses motifs d’action. Il n’y a liberté que s’il y a choix entre plusieurs options dont aucune n’est déterminée à se produire nécessairement. Enchaînements de causes et d’effets extérieurs qui entraînent de façon nécessaire une certaine conséquence. Ce qui advient de façon déterminé n’aurait pas pu ne pas se produire. Obligation / Nécessité Obligation Nécessité L’obligation est un concept moral. Est obligatoire ce qui apparaît comme un devoir, mais que l’on a le choix de faire ou de ne pas faire. Je ne suis obligé de faire que ce que je ne suis pas forcé d’accomplir. Pas d’obligation sous la contrainte. La nécessité est liée au déterminisme. Ce qui arrive nécessairement ne laisse aucune place au choix volontaire et ne peut pas être imputé au sujet qui le fait. Celui-ci ne peut donc pas en être tenu pour responsable. Volonté / Désir Volonté Désir Autodétermination consciente et délibérée. Liée au libre-arbitre, à l’obligation et à la responsabilité. Impulsion éventuellement inconsciente que le sujet ne choisit pas. On ne peut pas décider de désirer. L’amour, dit-on, ne se commande pas Le concept de jeu Le jeu est une activité libre, mais qui a ses règles. On peut penser ici au mouvement Précieux qui a poussé le plus loin cette idée de règle du jeu » amoureux. Le jeu est aussi une activité qui procure du plaisir, et le plaisir du jeu est d’autant plus fort que l’on se prend au jeu ». Se prendre au jeu, c’est oublier la frontière entre le réel et l’irréel. C’est la puissance de l’imagination créatrice. Exemple l’enfant qui joue à Loup y es-tu ? ». Le danger est imaginaire, mais le frisson est bien réel, et c’est ce qui fait l’intérêt du jeu. Synthèse sur l'analyse de Sartre L’amour machinal que Sartre dénonce et récuse ici n’est pas l’amour-habitude, mais l’amour-passion qui serait assimilable à un pur désordre hormonal incontrôlable. Ce serait la passion telle que la décrit Goethe dans sa théorie des affinités électives », attirance irrépressible comparable aux réactions chimiques. Goethe, Les Affinités électives, Les Souffrances du jeune Werther L’engagement volontaire est l’expression suprême de la liberté une volonté qui se détermine elle-même non pas seulement à faire un choix particulier, mais dans l’orientation de ses choix futurs. = Autonomie L’engagement limite les choix futurs. On pourrait croire alors qu’il limite la liberté. Mais l’engagement est lui-même un libre choix et si je ne choisis pas mes orientations, quelqu’un les choisira pour moi. Ne pas s’engager, c’est accepter d’être mineur au sens de Kant, c'est-à-dire renoncer à prendre ses responsabilités en laissant à autrui la tâche de penser et choisir à sa place. Kant, Réponse à la question "Qu'est-ce que les Lumières"? Cependant, l’amour, en tant que désir passionnel, est incompatible avec cette idée de choix raisonné. Aimer par obligation, ce n’est pas plus aimer qu’aimer par nécessité. D’où le refus de l’un comme de l’autre. L’amant refuse donc à la fois le déterminisme et la liberté. Mais il veut aussi l’un et l’autre. Or, ils sont incompatibles, d’où la contradiction. Sartre reprend donc une thèse classique sur l’amour l’amour est folie, irrationalité. Mais l’originalité de l’analyse de Sartre tient dans le concept de jeu introduit à la fin du texte qui permet de dépasser l’opposition entre raison et passion grâce au libre jeu de l’imagination. Eléments de discussion Si intéressante soit-elle, l’analyse que Sartre fait de la relation amoureuse dans ce texte est singulièrement égocentrique il n’est question que des exigences de celui qui veut être aimé ». Si celui qui veut être aimé aime en retour, l’enchaînement réciproque des libertés cesse d’être un asservissement et chacun reçoit dans la relation autant que ce à quoi il a accepté de renoncer. Cette perspective n’invalide pas l’analyse de Sartre, mais elle la complète. Quelques lectures pour approfondir Aimer, c'est vouloir posséder la subjectivité de l'autre Sartre Mon aimé est à moi et je suis à mon aimé Thérèse d'Avila Le désir principales problématiques